David Jourquin passe son enfance entre la douceur d’une mère enveloppée de senteurs orientales et d’une grand-mère de caractère, qui aime que chaque chose soit à sa place.
Chaque matin, la première enfile son manteau de cuir avant de l’embrasser et de filer travailler. Invariablement, son parfum mêlé a celui de cette matière souple et magique marque les premières secondes de ses journées.
Solaire, la seconde l’accueille jour après jour dans les odeurs de cires de ses parquets lustrés, et l’amuse par cette manie qu’elle, a de verser quelques gouttes d’eau de Cologne sur les coussins de sa chaise longue…
Un peu en retrait, mais attentif, son père fume le cigare et parfois, l’emmène sur les marchés de Pointe à Pitre où le jeune garçon s’enivre d’épices suaves et intenses. Tandis que son beau-père lui offre d’inoubliables et intenses voyages olfactifs aux couleurs du Maroc…Au cœur de cette mosaïque, David Jourquin grandit dans l’idée que les odeurs ont un sens, qu’elles le structurent et lui parlent un langage de vérité.
Et aujourd’hui encore, il reste habité par les univers sensoriels qui l’ont construit. Celui du bois ciré qui l’apaise, du patchouli qui le rassure, du cuir si familier, des épices vibrantes et du cigare aérien… Elles sont son double, ses racines, les multiples versants de son « Lui ».
Puis, au fil des expériences qui ont marqué sa vie, de nouvelles sensations se gravent dans son système émotionnel. Les volutes du cigare l’emmènent désormais vers Cuba où elles projettent des images, des sons et des silhouettes dans un vertige de rhum ambré…
Le cuir se fait plus troublant, plus sensuel et devient sa matière. Celle qui l’habille de nudité et de confort inouï, qu’il porte toujours sur lui, comme une seconde peau.
Comme d‘autres respirent, boivent, mangent, dorment… David a un besoin vital de parfumer son univers pour se l’approprier, le fixer, aller de l’avant, créer.
L’entrée de son appartement exhale le papier d’Arménie, la cuisine la vanille et le patchouli ; le salon la cire et la chambre les champs d’orangers… Les meubles importants aussi ont droit à leur signature parfumée ; comme le lit, dont les taies reçoivent chaque soir quelques gouttes d’une eau de Cologne précieuse. « Cela m’aide à dormir » confie-t-il. « Je n’aime pas les odeurs de lessive alors je crée ma sensation de « propre » à moi avant de glisser dans les draps et de mettre le cap sur mes rêves ».
Pour cet homme exigeant, trouver une expression olfactive « toute faite » relève de l’impossible… Dans un premier temps, il conjugue deux parfums répondant, chacun, à une facette de sa personnalité. Le premier, assez stricte, l’accompagne dans ses rendez-vous professionnels de jour. Le second, vertigineux et sucré, amène le grain de folie qui va bien à la nuit. Mais ni l’un ni l’autre ne satisfait pleinement son exigence. Parfois même il les mélange, comme il pimente sa tenue d’un accessoire étonnant, mitaine en cuir ou collier de perle…
Jusqu’au jour où il ose ses deux premières fragrances, dédiées au Jour et à la Nuit. Construites comme une biographie olfactive, elles prennent naissance au cœur des senteurs capiteuses du patchouli et se nourrissent de l’expérience du créateur, s’habillant de cuir mandarine, s’enveloppant de feuilles de tabac, décollant sur les ailes de la lavande fine et chavirant dans la sensualité du musc (pour la version soir).
Élégantes, rares, équilibrées et traversées d’un trait de folie… elles vibrent en version « Jour et Nuit » dans leurs écrins aussi doux, chauds, capiteux et précieux que leurs notes parfumées, drapés de cuir d’agneau aux reflets cuivrés, scellés par leurs cabochons de bois rare.
Début 2014, David Jourquin lance Cuir de R’Eve et Cuir Altesse, deux nouvelles fragrances « femme » inspirées des années 20 et Un hiver à Biarritz, sa première bougie parfumée, hommage à la plus « folle » des villes atlantiques.
Et aujourd’hui de deux voyages olfactifs gorgés de soleil, de gourmandise et d’exotisme, prêts à fondre sur la peau brûlante : Cuir Caraïbes et Cuir Solaire.